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La révolution de l’expérience utilisateur autour du KYC par la blockchain

La révolution de l’expérience utilisateur autour du KYC par la blockchain 1173 1612 Twelve Consulting
Depuis cinq ans, les acteurs de la finance s’intéressent à la blockchain. Le processus de KYC, régulièrement source d’irritants pour les banques et leurs clients, constitue un cas d’application pour cette technologie. À la clé, des enjeux de connaissance client, de conformité et de sécurisation de l’information. Explications avec Pierre Rognion, Consultant Senior chez Twelve Consulting.


Pourquoi est-ce le bon moment pour s’intéresser à la blockchain ? 

Dans les dix prochaines années, des solutions s’appuyant sur la blockchain vont émerger dans notre quotidien sans que l’utilisateur final en ait nécessairement conscience. Qui aujourd’hui envoie un email en pensant à toute la complexité des protocoles nécessaires tels que TCP/IP ? La blockchain offre des possibilités particulièrement intéressantes et pourrait révolutionner la connaissance client. Les banques en ont clairement pris conscience. On l’a vu à partir de 2014 avec la formation du consortium R3 et plus récemment, avec JP Morgan qui investit dans la technologie de ZCash ou des sociétés comme Ripple qui multiplient les partenariats avec des banques à travers le monde. 
Quels sont les challenges actuels autour du KYC ? 
En résumé : l’expérience utilisateur, qu’il soit client ou collaborateur dans une banque, est souvent mauvaise. Il faut fournir les mêmes documents à de multiples reprises, la réglementation évolue constamment, la vérification des pièces est longue et complexe. Cela est fastidieux pour le client et pour les banques. Les technologies actuellement utilisées manquent de flexibilité, l’information est silotée. D’ailleurs, il n’y a pas toujours autant de sécurité qu’on voudrait le croire. En témoigne le piratage de l’OPM aux Etats-Unis où les données de 30 millions de personnes ont été dérobées. Les clients ne savent pas à quoi vont servir les données et combien de temps elles seront conservées même si ces points sont théoriquement adressés par l’application du RGPD.


Quelle est la valeur ajoutée d’une blockchain dans le processus de KYC ? 

Tout d’abord, davantage de sécurité. Le stockage d’informations via une blockchain permet d’avoir de la traçabilité, de la transparence lorsque c’est nécessaire et rend quasi impossible la possibilité de falsifier ou voler des données. Les banques ont tout intérêt à mettre en place une base de données partagée et accessible depuis une blockchain (qu’elle soit privée ou publique) et qui pourrait permettre de répondre à ce défi d’amélioration de processus, d’expérience et de sécurité. Le « privacy by design » imposé par le RGPD est clairement là.


Concrètement, comment cela pourrait fonctionner et améliorer l’expérience ?  

C’est très simple : le client aurait le contrôle sur les informations qu’il partage et pourrait le faire simplement. On effectuerait alors un processus de vérification, mais il n’y aurait plus à le ré-exécuter à chaque fois. Cela pourrait permettre d’économiser beaucoup de temps et d’argent aux banques, notamment pour les procédures LCB-FT, MiFiD II, la lutte contre la fraude fiscale et l’usurpation d’identité.


Que pourrait être le KYC de demain et comment l’abordez-vous chez Twelve ?  

La principale difficulté à l’heure actuelle n’est pas tant technique qu’organisationnelle. Le secteur bancaire doit être en phase sur la marche à suivre. En tant que spécialistes des secteurs banque-assurance-santé, ainsi que de l’expérience utilisateur-client, nos collaborateurs sont bien placés pour accompagner ces évolutions. Notre expérience des secteurs règlementés nous permet aussi de transformer ces contraintes (LCB-FT, RGPD, MiFiD II) en autant d’opportunités. 
Friday Pitch Paylead avec Charles de Gastines, CEO chez Paylead,

Paylead nous parle Intelligence Artificielle

Paylead nous parle Intelligence Artificielle 1024 682 Twelve Consulting

Charles de Gastines, CEO chez Paylead, était l’invité de notre #FridayPitch ! Nous y avons parlé Intelligence Artificielle au service des #Banques & des #Fintechs dans le but de parfaire la connaissance de leurs clients. ????

La tokenisation, ou comment la blockchain va transformer la société

La tokenisation, ou comment la blockchain va transformer la société

La tokenisation, ou comment la blockchain va transformer la société 1024 491 Twelve Consulting

Depuis quelques mois, on entend régulièrement parler du bitcoin et de ses records. Les journalistes rivalisent de titres chocs “est-ce une bulle ?”, “est-ce une pyramide de Ponzi ?”, ou encore “va-t-il déclencher une nouvelle crise économique ?”, etc. Ces titres — tantôt alarmistes, tantôt accrocheurs — sont souvent le reflet d’une incompréhension face à une véritable révolution peut-être aussi importante qu’Internet. Je veux ici parler de la blockchain et des évolutions technologiques, économiques et sociétales qu’elle induit via le phénomène de tokenisation.

Au fait… c’est quoi la tokenisation ?

La tokenisation consiste à convertir les droits liés à un actif en jetons numériques sur la blockchain. Cela revient donc à dire par exemple que le prix d’un immeuble x est de y jetons de z sorte. Les intermédiaires financiers et technologistes s’y intéressent de très près car le transfert sur la blockchain d’actifs “réels” permet de cumuler les avantages d’un protocole comme Bitcoin (dont l’absence de papier) tout en conservant les caractéristiques de l’actif. Le fait de convertir en tokens des actifs relativement illiquides (immobilier, art…) et de les rendre échangeables sur un marché permet de réduire les frictions aux échanges. Nombre d’actifs traditionnels vont sûrement être tokenisés, car ils risquent de toute manière de perdre leur prime de liquidité s’ils ne le sont pas. Le secteur de l’immobilier par exemple pourrait se voir prochainement disrupté par les technologies blockchain, et il est loin d’être le seul.

Le développement des tokens a également un impact sur le mode de financement. Un nombre exponentiel de projets se financent en créant et vendant leurs propres tokens via des campagnes de crowdfunding sur la blockchain. L’Ethereum et sa logique de contrat intelligent (smart contract) ont rendu possibles ces sortes de Kickstarter où l’on obtient des tokens en échange de notre contribution à un projet. A première vue, on pourrait croire que c’est simplement un nouveau moyen pour se financer, de la même manière qu’une entreprise classique distribue et vend des actions. Mais en y regardant de plus près, cela va bien plus loin. Fred Ehrsam, l’un des cofondateurs de Coinbase a écrit un excellent article à propos de l’émergence de ce nouveau modèle décentralisé. On y retient que les principales caractéristiques des tokens sont les suivantes :

  • Les tokens constituent une devise utilisée par le protocole/l’application/le service qui les émet
  • Les contributeurs d’un projet sont directement rétribués à mesure de leur investissement en tokens
  • Ces tokens peuvent être échangés contre n’importe quelle devise (par exemple contre des euros ou des dollars) car ils sont sur la blockchain

 

Par exemple Filecoin. Filecoin est un système de stockage de fichiers décentralisé. Contrairement à Dropbox, Google Drive ou encore iCloud, il n’y a pas d’opérateur central sur le réseau. Ce qui rend la censure et le hacking quasiment impossibles. Les personnes qui ont investi dans le projet Filecoin via leur ICO seront rétribués en tokens. Appelons ces tokens FILE. Le nombre de FILE qui leur sera distribué dépend de la somme qu’ils auront investi.

Ce FILE token est dit “utilitaire” car il assure le fonctionnement même du service. Je peux tout à fait utiliser mes FILE pour acheter de l’espace de stockage sur le réseau Filecoin. De même, si je mets à disposition du réseau mon espace de disque inoccupé, je contribue au réseau et serais ainsi rémunéré en FILE. Avec les FILE que j’achèterais ou que je gagnerais en partageant mon espace de stockage, je pourrais :

  • Acheter de l’espace de stockage sur le réseau
  • Les garder si je pense que leur valeur va augmenter
  • Les échanger contre ma devise locale (EUR, USD, etc.)

 

Filecoin sera lancé prochainement, mais d’autres services similaires existent déjà comme Storj et Siacoin. Bien sûr, il n’y a pas qu’un marché pour de l’espace de stockage. Il y en a aussi pour de la puissance de calcul (Golem), pour l’énergie (PowerLedger), pour de l’IoT (VeChain, Modum, Waltonchain) et de nombreux autres usages qu’il serait trop long de détailler ici.

Cela va donc bien au delà d’un simple moyen de financement. Ces projets créent leurs propres écosystèmes économiques, via la mise en place d’un modèle d’organisation décentralisée. Dans ce modèle il n’y a pas de société ou d’autorité centrale et la propriété est répartie entre tous ceux qui possèdent les tokens. C’est une organisation unique rendue possible par la combinaison de deux technologies, internet et les cryptomonnaies, et c’est la raison pour laquelle des millions de personnes se précipitent sur des plateformes d’échange comme Binance pour investir dans ces projets d’un genre nouveau.

 

Conclusion

La technologie blockchain est une révolution au sens copernicien du terme. C’est un changement de perspective complet, un nouveau paradigme technologique, économique et sociétal encore peu compris à l’heure actuelle, y compris par les économistes médiatisés comme Paul Krugman, Joseph Stiglitz, ou encore des investisseurs légendaires comme Warren Buffet, qui abordent le sujet sans évaluer l’aspect technologique à sa juste valeur.

Il est clair que l’engouement actuel pour les technologies blockchain — et en particulier les cryptomonnaies — est d’une telle ampleur qu’il peut faire craindre une bulle. Sur l’ensemble des projets, pour un succès majeur il y aura sûrement une poignée de succès mineurs et des centaines d’échecs. Il ne faut pas non plus négliger les ICO frauduleuses qui ne manqueront pas de ruiner plus d’un investisseur imprudent. Il est aussi inquiétant de voir des ménages qui s’endettent pour acheter des bitcoins.

Il n’en demeure pas moins que le modèle des tokens est particulièrement subtil et ingénieux. Il permet à des communautés de se gouverner d’elles mêmes (par exemple en permettant aux détenteurs de tokens de voter afin de déterminer comment un protocole doit évoluer), de les gérer économiquement et d’ouvrir les échanges à l’échelle mondiale et d’une manière qui était jusque là inenvisageable.

Article originellement publié sur Medium. Si le sujet vous intéresse et que vous souhaitez en savoir plus sur les grandes tendances de la blockchain et des cryptos, cet article devrait vous intéresser

 

 

Pierre Rognion - Senior Consultant chez Twelve Consulting, cabinet de conseil spécialisé dans l'expérience client

Pierre Rognion
Senior Consultant chez Twelve Consulting

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Banquiers, assureurs, comment ne pas rater le virage de la Silver Economie ? Par Sadik Filipovic

Banquiers, assureurs, comment ne pas rater le virage de la Silver Economie ? 

Banquiers, assureurs, comment ne pas rater le virage de la Silver Economie ?  1000 667 Twelve Consulting

Pourquoi parler de la Silver Economie ?

La Silver Economie se définit comme l’ensemble des activités économiques liées aux seniors, c’est-à-dire les plus de 60 ans. Le développement de cette économie est relativement récent. C’est le résultat d’une véritable rupture démographique, qui est en partie la conséquence du baby-boom qui eut lieu après les guerres mondiales et se traduit aujourd’hui par un papy-boom, ainsi qu’à diverses évolutions (économiques, technologiques, sanitaires, hygiéniques et sociétales) qui ont permis d’allonger l’espérance de vie.

Statistiquement les plus de 60 ans représentent désormais près du quart de la population française d’aujourd’hui et en constitueront près d’un tiers en 2060. Le phénomène n’est d’ailleurs pas limité à la France : l’espérance de vie est également passée de 66 ans en 1950 à 76 ans en 2007 dans les pays de l’OCDE.

La naissance d’une nouvelle filière économique

Cette réalité démographique, reflétée par l’augmentation du nombre et de la part de seniors dans la population, a nourri le développement d’une nouvelle filière économique originale car non pas fondée sur un produit, comme pouvait l’être par exemple la filière automobile, mais sur une population spécifique.

Cette population représente une nouvelle clientèle pour les différents secteurs d’activité (assurance, santé, social, habitat, loisirs, tourisme, transport, services de proximité, communication…) qui doivent s’adapter pour couvrir les besoins spécifiques des seniors. Il faut cependant prêter attention à ne pas considérer les seniors comme un groupe parfaitement homogène.

En effet, il convient d’adapter le message qui leur est adressé en fonction d’une typologie adaptée aux différentes situations et étapes dans le vieillissement de chacun. Il est donc important de se constituer une grille d’analyser afin de bien structurer la réflexion autour de la séniorité.

Un groupe hétérogène par la pluralité et la nature de leurs besoins spécifiques

Les seniors ne constituent pas un groupe monolithique. Pour la majorité des seniors, le vieillissement doit être considéré comme un passage progressif entre trois étapes : l’entrée en retraite (par exemple les jeunes grands-parents), la fragilisation (qui arrive lors des premiers problèmes de santé récurrents) et la perte d’autonomie. La fragilisation s’accompagne souvent d’un « syndrome de glissement » lors duquel on note une perte de dynamisme, et une perte progressive de l’autonomie. Généralement le passage au dernier stade, celui de la perte d’autonomie, est provoqué par une situation de crise (chute, maladie, perte d’un proche…). Cette dernière phase est symbolisée par une forte perte d’autonomie, des besoins d’aides techniques et humains, voire d’une perte des capacités cognitives. Chacune de ces étapes correspond à des situations et des besoins spécifiques.

L’habitat, la consommation et la consommation : des éléments clés

La Silver Economie repose sur deux enjeux majeurs. Il s’agit d’une part de favoriser le vieillissement de la population en bonne santé par la mise en place des actions de prévention et de retardement de l’entrée en dépendance. Et d’autre part, le défi consiste à adapter les logements aux besoins spécifiques des seniors, en y installant notamment les dispositifs techniques répondant aux besoins de prévention et de prise en charge de situations de perte d’autonomie légère.

Les plus de 50 ans correspondent à une part croissante de la population et se caractérisent généralement par un fort potentiel de consommation. Leur revenu disponible tend à augmenter, principalement en raison de la chute du niveau de la consommation. Deux facteurs expliquent la baisse de consommation : la dégradation progressive de la mobilité réduit leur capacité à se déplacer, peut entraîner une perte du lien social.

Parallèlement, on note une accumulation, une incompréhension et une inadaptation des produits et services disponibles actuellement sur le marché.

Aussi fondametal est l’écart entre l’âge réel et l’âge perçu qui ne cesse de s’accroître. À 65 ans, il existe un écart de près de vingt ans entre l’âge réel et l’âge ressenti. Le modèle de référence des retraités se rapproche de celui des actifs. En restant le plus actif possible, les seniors entendent ainsi se distinguer des « vieux ». Chez les seniors, le décalage entre l’âge idéal et l’âge réel est très lié au refus d’une assimilation entre retraite et au sentiment d’inutilité.

Mieux construire les offres pour dépasser les limites actuelles de l’économie des seniors

A priori nous sommes dans un contexte favorable au développement de la Silver Economie, mais pourtant celle-ci peine encore à émerger et rencontrer son marché. Pourquoi n’y-a-t-il pas le décollage économique attendu pour le moment ? Il y a plusieurs raisons à cela, à commencer par la difficulté des individus à se projeter en situation de vieillissement. Plus largement, il s’agit d’une question de mentalité : la société refuse l’idée du vieillissement.

La principale difficulté provient du manque de prise en compte par les banques et les assurances de l’impact du vieillissement sur le métier et la relation client. Les assureurs sont encore nombreux à penser que le seul moyen de répondre aux problématiques de vieillissement consiste à proposer un produit d’assurance dépendance. Aucun assureur n’a lancé un projet d’adaptation de ses produits aux besoins spécifiques des différents segments de clientèle des seniors. Parallèlement à cela, la plupart de banques n’ont même pas de plan d’action commercial pour les plus de 60 ans. Les problématiques d’accès au crédit et la monétisation de patrimoine ne sont pas véritablement traités par les offres disponibles sur le marché.

Les offres de services destinées aux seniors doivent être simples, à forte valeur ressentie et rentables. Elles doivent être conçues pour répondre tant aux personnes qui ont des besoins précis et clairement identifiés qu’aux personnes dont le besoin est de faire une évaluation précise et multidimensionnelle (contexte financier, social…) de leur situation ou bien de celle de leurs proches. Il s’agit donc de proposer des offres capables de couvrir la majorité des besoins et des situations des clients et prospects. Chaque offre de service devrait idéalement comporter des engagements qualité différenciant par rapport aux pratiques habituelles sur le marché.

Enfin, la réussite d’une stratégie de Silver Economie doit reposer sur un sourcing qualifié des prospects, ainsi qu’un dispositif de distribution et de gestion multicanal. Ici, la stratégie gagnante consiste à organiser une prescription de la
« première ligne », en particulier par les acteurs du monde médical : médecins (traitants ou spécialistes) infirmiers libéraux ou en association, professionnels du paramédical ainsi que les pharmaciens. Ce n’est que lorsque ces éléments auront été assimilés et intégrés aux stratégies qu’il pourra y avoir un véritable décollage de la Silver Economie.

 

Petit déjeuner MIFID 2

Petit-déjeuner MIFID 2

Petit-déjeuner MIFID 2 1024 768 Twelve Consulting

En juillet 2017, nous organisions un petit-déjeuner thématique : Profitez de MIFID2 pour faire vivre une belle expérience à vos clients ! » Une approche originale guidée par l’expérience client dans le respect des obligations réglementaires. Avec la participation de la Fintech Neuroprofiler et son outil innovant de profilage de risque.

Les thèmes abordés étaient :
Voyez la réglementation sous un nouveau jour !
Comment mieux servir vos clients tout en respectant vos obligations ?
Comment les rendre acteurs de la mise à jour de leurs données ?

 

Les Fintech européennes : 2017, l’année de la consolidation ?

Les Fintech européennes : 2017, l’année de la consolidation ?

Les Fintech européennes : 2017, l’année de la consolidation ? 1024 512 Twelve Consulting

Depuis cinq ans nous assistons à un véritable boom de la fintech en Europe. Lydia, Leetchi, Le Pot Commun, PayTop, TransferWise, Advize, Fundshop, Marie Quantier, Yomoni, Fluo, Atom Bank, Monzo, N26, Revolut, Bankin, Linxo… Ces sociétés technologiques spécialisées dans l’innovation financière ont pour objectif de bousculer les modèles des banques traditionnelles. Qu’elles proposent de nouveaux services ou de repenser l’expérience client des établissements classiques, ces acteurs du changement ont pour ambition de transformer la façon dont les clients consomment les services bancaires. Aussi bien sources d’opportunités que de menaces pour les banques, les pépites de la fintech accélèrent l’évolution de nos usages. Focus sur deux types d’acteurs clés dont nous allons à coup sûr entendre parler en 2017 : les agrégateurs de comptes et les banques mobiles.

 

LES AGRÉGATEURS DE COMPTES : DES INTERMEDIAIRES CLÉS

Les agrégateurs de comptes sont des types de fintechs particulièrement intéressants. Ils se présentent comme des intermédiaires qui donnent au client une vision exhaustive de ses finances en agrégeant leurs comptes bancaires et reconstituant l’historique et la catégorisation des dépenses. Ces outils déjà très utilisés aujourd’hui – le français Bankin’ revendique déjà plus d’un million et demi d’utilisateurs – vont devenir encore plus intéressants en 2018. La deuxième directive européenne des services de paiement (DSP2) censée être transposée dans le droit français à partir du 1er janvier 2018 devrait leur permettre de faire des transactions sans pour autant être des banques. Les agrégateurs comme Bankin’ pourront alors demander un agrément à l’Autorité de Contrôle Prudentiel et de Résolution (ACPR), afin d’opérer eux-mêmes des transactions entre les comptes des clients.

Nous pouvons donc raisonnablement imaginer que courant 2018, les agrégateurs s’enrichiront de nouvelles fonctionnalités et permettront de comparer encore plus facilement les offres bancaires, de changer aisément de banque (loi Macron) pour profiter de meilleures offres, de trouver un crédit, de préparer des projets, et de proposer des solutions adaptées à notre contexte. L’entrée en vigueur de la DSP2 va réduire les barrières à l’entrée en permettant à de nouveaux acteurs d’exercer une partie du métier bancaire sans pour autant nécessiter l’obtention d’une licence bancaire. Par exemple, des solutions d’épargne et placements financiers seront suggérés à l’utilisateur si une somme importante est détectée sur le compte courant. L’appli servira de conseiller financier et pourra coacher l’utilisateur de la manière la plus adaptée en mettant en lien ses objectifs et son historique. La gestion de l’épargne constitue ainsi une formidable opportunité pour les agrégateurs.

Pour ces raisons, les banques surveillent de près les agrégateurs, mais elles ne sont pas les seules. Les assureurs sont eux aussi intéressés, mais pour des raisons différentes. L’hyperconnectivité des utilisateurs permet de mieux mesurer les risques et de les prévenir. Avoir accès à l’historique des finances d’un client révèle qui il est, ce qu’il consomme, peut permettre de mesurer, comparer, et peut-être de concrétiser des opportunités en le conseillant. Depuis l’été 2016, l’agrégateur Linxo fournit sa plateforme en marque blanche à la MAIF et l’assureur a clairement exprimé sa volonté de s’appuyer sur cette connaissance client afin de proposer des produits adaptés et complémentaires des services bancaires classiques.

 

LES BANQUES MOBILES : DES BANQUES LOW-COST ET DYNAMIQUES

L’Internet mobile a permis le développement de nouveaux usages, et particulièrement dans le milieu bancaire. Les banques traditionnelles ont ouvert des banques en ligne (comme Société Générale avec Boursorama, BNP avec Hello Bank ou le Crédit Agricole avec BforBank) proposant de gérer ses comptes depuis son smartphone et généralement low-cost. Il n’y a plus à se déplacer en agence, l’ouverture de compte est simplifiée et les frais bancaires sont généralement plus faibles que dans une banque classique. Le client évolue de manière autonome. Comme le souligne le slogan de BforBank : « mon banquier c’est moi ». Ces banques en ligne se sont particulièrement développées ces dernières années et mènent une guerre des prix. Nous pensons particulièrement à Boursorama et ING qui trônent régulièrement en tête des classements des banques en ligne les moins chères. Ces banques sont cependant dans la ligne de mire de nouveaux entrants : les banques mobiles. C’est-à-dire les banques dites « mobile-first » qui ont intégré au coeur de leur ADN le mobile, de sorte que le client peut accéder à l’ensemble de ses services depuis son smartphone. Un concept qui plait particulièrement aux jeunes actifs urbains et aux voyageurs réguliers.

Parmi ces nouvelles banques, la berlinoise Number 26 est sans doute l’une des plus emblématiques et ambitieuses. Son objectif est que le client puisse gérer l’ensemble de ses finances depuis son smartphone. N26 a su convaincre des angel investors clés dont Peter Thiel. La banque entend se développer dans toute l’Europe et a pour ce faire de nombreux atouts. L’ouverture de compte se fait en moins de 10 minutes par un entretien vidéo avec un agent. Il n’y a pas d’agence physique, toute l’administration du compte se fait via le mobile. Les opérations sont effectuées en temps réel et classées dans l’application. Si le client se fait voler sa carte il peut la bloquer immédiatement. Il est également possible d’envoyer de l’argent à des proches par SMS ou email, sans passer par une banque tierce. Number 26 intègre directement TransferWise. Les virements internationaux et retraits depuis des distributeurs à l’étranger se font à des prix compétitifs. Les tarifs vont de 0€/mois pour une Mastercard standard à 5,90€ mois pour une carte Mastercard Black qui intègre de nombreuses assurances et protections (vol de mobile, accidents à l’étranger, extensions de garantie, etc.). Number 26 a également lancé en Allemagne un service appelé Invest et qui propose un compte épargne avec des placements automatiquement gérés en fonction du profil de l’investisseur. N26 compte intégrer davantage d’intelligence artificielle dans ses futurs services afin de rendre l’expérience client encore plus fluide. Il suffit de naviguer dans l’appli N26 quelques minutes pour comprendre que l’interface utilisateur est l’un des atouts majeurs de l’expérience client. N26 n’est pas la seule banque « mobile first », mais elle en représente la forme la plus aboutie à l’heure actuelle. Attention cependant, le dynamisme des jeunes fintechs peut être source de divers soucis, par exemple la viabilité du modèle économique (par exemple Morning) ou des failles de sécurité (N26 dont un chercheur a réussi à pirater l’un des comptes).

 

2017, VERS UN RESSERREMENT DU MARCHÉ ?

A l’image d’AirBnB et Booking pour les secteurs du tourisme, les fintechs de type agrégateurs et banques mobiles pourraient représenter un danger pour les banques classiques, en menaçant de leur faire perdre la maîtrise de la relation avec leurs clients. D’une part, les banques ont bien compris qu’il leur faut composer entre compétition et coopération sous peine de subir le changement. Et d’autre part, les fintech ont elles aussi besoin des banques traditionnelles qui apportent une marque et une relation incarnées par un banquier. Plusieurs banques ont déjà stratégiquement racheté des startups de la fintech comme Crédit mutuel Arkéa (Prêt d’union, Lino, Leetchi, Yomoni), Banque Populaire Casse d’épargne (Le Pot Commun) ou encore Société Générale (Fiduceo) pour ne citer que quelques exemples. Les acquisitions ne sont cependant pas l’unique possibilité. Nous voyons aussi des partenariats se former. Nous aurons d’ailleurs l’occasion de développer ce point dans un prochain article.

Les rachats et partenariats stratégiques de ce type vont nécessairement s’intensifier car la multiplication des acteurs n’est pas pérenne. Certains observateurs craignent d’ailleurs la formation d’une bulle comme celle de l’Internet en 1999. Il n’y aura pas de place pour tous les nouveaux entrants, et certains sont en meilleure position que d’autres. Au début des années 2000, Axa et Groupama avaient fait l’effort d’obtenir une licence bancaire pour lancer leurs offres mais elles n’ont pas rencontré le succès escompté. L’offre Soon d’Axa banque, destinée aux jeunes, ne revendique que 15 000 clients. Groupama Banque vient de son côté, d’être rachetée par Orange qui travaille activement au lancement de sa propre banque mobile, Orange Bank, a priori en avril 2017. Orange a réussi à obtenir une licence bancaire suite au rachat à 65% de Groupama Banque et semble entretenir de fortes ambitions et son arrivée sur le marché pourrait accélérer le phénomène de resserrement du marché autour de quelques acteurs clés. C’est un pari de diversification pour l’opérateur télécom dont l’objectif est d’avoir 2 millions de clients d’ici 10 ans, soit autant que Boursorama espère en avoir d’ici 2020. Les services bancaires proposés par Orange iront de l’ouverture de comptes aux produits d’épargne, en passant par les crédits à la consommation et crédits immobiliers. 100% des services bancaires seront accessibles sur le mobile mais Orange compte cependant s’appuyer sur un modèle hybride en utilisant 140 de ses boutiques et 3000 agences Groupama comme des leviers de conversion et points d’information. Orange compte mettre en avant son expertise numérique et sa maîtrise de la relation client afin d’attirer le plus grand nombre. 2017 s’annonce donc comme une année dense pour les fintechs et particulièrement excitante pour les clients qui pourront profiter d’outils plus pratiques, conçus pour répondre à leurs besoins et mieux gérer leurs finances.

 

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Sixtine Bouchaud analyse les stratégies des banques traditionnelles face à l’émergence des FinTechs

Sixtine Bouchaud analyse les stratégies des banques traditionnelles face à l’émergence des FinTechs

Sixtine Bouchaud analyse les stratégies des banques traditionnelles face à l’émergence des FinTechs 630 452 Twelve Consulting

Maxime RenardUn mois, une interview ! Nos Twelveurs, experts en transformation digitale, s’intéressent aussi aux métiers de nos clients, aux évolutions de notre économie, aux innovations les plus disruptives et à tout ce qui fait l’effervescence extraordinaire de notre secteur. Chaque mois, Maxime Renard, consultant chez Twelve Consulting, rencontre un Twelveur et s’intéresse à un nouveau sujet !

 

 

Sixtine Bouchaud

 

Sixtine Bouchaud a rejoint les équipes de Twelve en avril 2015. Intervenant notamment auprès de nos clients de la banque privée, Sixtine s’intéresse particulièrement aux Fintechs et à leur impact sur la disruption des modèles économiques traditionnels, ainsi qu’à la digitalisation des services financiers

 

 

Les 2 et 3 novembre prochain aura lieu le Finance Magnates London Summit à Londres, événement majeur de l’univers des FinTechs et lieu de rencontre entre les banques traditionnelles et ces nouveaux acteurs disruptifs. Twelve suit ces innovations digitales de très près.

 

Maxime Renard : D’où viennent les FinTechs et comment émergent-elles ?

Sixtine Bouchaud : Revenons 7 ans en arrière : la relation entre les banques traditionnelles et leurs clients a beaucoup évolué. Le grand public est entré à une vitesse formidable dans l’univers du digital depuis la fin des années 2000, et la crise financière a remis en cause la confiance entre les grandes banques traditionnelles et leurs clients. Dans ce contexte, de nombreuses entreprises innovantes ont apporté le digital dans le secteur de la finance, en proposant de conjuguer les services traditionnels aux nouvelles technologies : les FinTechs.

Les premières FinTechs émergent aux Etats-Unis, puis rapidement en Europe, et en particulier à Londres. La première place financière mondiale devient également la terre d’accueil des FinTechs, grâce à la bienveillance des grandes institutions financières et du gouvernement. Ces start-up innovantes, agiles, nées dans l’effervescence de l’innovation et du digital proposent les services financiers traditionnels à moindre coût, plus facile d’accès, plus proche des utilisateurs, en exploitant les plateformes internet et mobiles. Le consommateur de 2015 recherche des solutions complètes, accessibles quand il le souhaite et où il se souhaite : les offres des banques traditionnelles apparaissent souvent insuffisantes, sont facilement mises en concurrence, et les éléments différenciateurs sont difficiles à acquérir et à conserver. Les FinTechs, elles, répondent à cette demande avec une précision et une agilité qu’il est difficile d’avoir dans les importantes structures des banques traditionnelles classiques.

 

Maxime Renard : Face à ce défi, quelles stratégies pour les grandes banques traditionnelles ?

Sixtine Bouchaud : L’enjeu est de savoir prendre le virage de la digitalisation, de profiter du modèle innovant des FinTechs et d’éviter la disruption de leur modèle. Face à cela, trois réactions, trois stratégies.

La stratégie la plus spontanée est celle de l’investissement : au cœur du métier du banquier, elle permet de racheter l’innovation elle-même, avec le risque de ralentir la capacité à la poursuivre et à la développer. C’est le choix qu’a fait BBVA en 2014, en rachetant la start-up Simple.

La stratégie la plus répandue est celle du partenariat : c’est l’objet du Finance Magnates London Summit. Les FinTechs sont en forte demande d’investissements, de ressources et de fonctions support ; les banques traditionnelles sont en forte demande d’innovation, d’agilité et de nouvelles solutions pour optimiser leur relation clients et les services qu’elles proposent. L’envergure et l’inertie de ces institutions ne permet pas d’avoir l’agilité des FinTechs en termes de modèles d’implémentation comme le « test and learn », mais aussi en termes de créativité et de disruption. Aussi, les FinTechs et les acteurs traditionnels se rencontrent dans le cadre des Innovation Labs ou des StartupBootcamps, comme aux Etats Unis, à Londres, à Singapour, à Hong Kong. Certaines banques créent même leurs propres Innovations labs : UBS chez l’accélérateur Level 39 ou HSBC avec un Asia Pacific Innovation Lab à Singapour. Pour HSBC, cela s’inscrit dans sa stratégie d’adoption de la digitalisation et des innovations diruptives, comme par exemple le « mentoring » de Fintech à Londres ou à Hong Kong, ou encore le soutien à The Stone & Chalk hub à Sydney.

Enfin, la stratégie de l’ouverture est la plus en rupture avec le comportement traditionnel de la banque. Elle consiste à ouvrir ses ressources, ses atouts, son expérience aux FinTechs, en capitalisant sur la capacité d’innovation de ces dernières. Goldman Sachs l’a expérimenté en ouvrant le code source propriétaire d’une partie de son Middle Office au public via GitHub (outil de collaboration online). Fidor Bank est une banque digitale proposant aux FinTechs cette stratégie d’ouverture : des solutions de Middle Office ouvertes, permettant d’intégrer directement dans les institutions financières les solutions les plus innovantes (mobilité, peer to peer lending…). Ces solutions suivent l’innovation au plus près, et permettent aux banques de contourner le développement de solutions propres, processus souvent long, laborieux, et de diminuer le risque de gap entre les services offerts et l’innovation la plus aboutie.

 

Maxime Renard : Quel ROI pour quelle stratégie ?

Sixtine Bouchaud : Twelve Consulting étudie ces modèles, du point de vue métier et du point de vue technique. Il est très difficile de se différencier dans ce secteur de plus en plus en concurrence : l’expérience, la connaissance des enjeux et l’agilité dans l’accompagnement de ces évolutions est un élément clé de succès. La satisfaction du client est l’objectif poursuivi par les banques comme par les FinTechs.

Chez Twelve Consulting, nous nous réjouissons de voir les FinTechs de plus en plus nombreuses et les partenariats avec les banques de plus en plus forts : c’est l’économie collaborative en action, qui finalement sert le grand public et l’innovation !

 

Interview de Sixtine Bouchaud, réalisée par Maxime Renard
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